samedi 5 mars 2016

Hafedh Caïd Essebsi : « L’alliance avec les islamistes d’Ennahda est dans l’intérêt de la Tunisie »

Agé de 53 ans, Hafedh Caïd Essebsi est aujourd’hui à la tête de Nidaa Tounes, le parti dominant la coalition gouvernementale à Tunis qui s’inscrit dans l’héritage bourguibien.

Fils du président de la République Béji Caïd Essebsi, il a été nommé début janvier à la direction provisoire du parti à la suite d’une violente crise interne qui s’est traduite par de nombreuses défections. Au sein de cette famille politique tunisienne dite « moderniste », il incarne la réconciliation avec les adversaires d’hier, les islamistes d’Ennahda.
Nidaa Tounes, qui domine la coalition gouvernementale, a été récemment victime d’une violente crise. Quelle est votre version des événements ?
Nous sommes aujourd’hui victimes de notre faible représentativité dans les rouages du pouvoir. Il faut remonter à note victoire aux élections législatives et présidentielle de la fin 2014. Après la formation du nouveau gouvernement, nous n’avions pas pris les rênes du pouvoir de manière franche. Au sein du conseil constitutif de Nidaa Tounès, douze membres sur quatorze étaient alors partis au gouvernement, à la présidence ou au Parlement. Le parti s’est vidé, s’est marginalisé.
Mais le départ massif de ces dirigeants du parti au cœur de l’Etat ne montre-t-il pas justement qu’il s’est installé dans les rouges du pouvoir ?
Oui, mais cela n’est rien par rapport aux 200 000 adhérents du parti. Cette base s’est sentie marginalisée. Elle avait contribué à Nidaa, elle réclamait sa place. Ensuite, la loi électorale n’arrangeant pas les grands partis, nous n’avons pas eu la majorité absolue à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Nous avons donc dû faire des alliances avec d’autres pour gouverner. Et c’est là que les problèmes ont commencé.
D’une part, ces contraintes ne nous ont pas permis d’appliquer notre programme électoral et cela a engendré de l’amertume au sein de la base. D’autre part, nous avons intégré Ennahda [le parti islamiste arrivé en deuxième position au scrutin législatif de 2014] dans ces nouvelles alliances, et cela a accentué la réprobation au sein du parti et de l’opinion publique en général. Car toute la campagne électorale avait été axée sur un mot d’ordre : faire sortir Ennahda [vainqueur des élections de 2011] des cercles de pouvoir. Nous n’avions pas préparé notre base à cette hypothèse.

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